La danse dans le Burundi ancien allait au-delà de danser pour le plaisir mais d’autres signification étaient derrière. Cela veut dire qu’on ne dansait pas seulement pour profiter uniquement du public mais on dansait pour donner un message. Les messages donnés pendant les cérémonies variaient selon la danse voire même la région. Jean De Dieu Nihorimbere, un jeune et membre du Club Culturel Indangaburundi qui connait pas mal de choses sur les danses traditionnelles burundaises nous en dit plus.
INTORE : Aujourd’hui, elle est dansée par les garçons et les hommes de la région de Bugesera, mais cette danse était pratiquée par les soldats du roi et souvent les danseurs la faisaient à leur retour de la chasse. Il est très interdit aux femmes de danser l’Intore et d’ailleurs les femmes n’allaient pas à la chasse. Même l’habillement de la danse des Intore montre que c’est la tenue du combat du Burundi ancien. Ces habits sont entre autre : la peau du léopard des fois couvertes par des buyonga, ou ubugwegwe, et icumu (lance) dans la main droit, inkizo dans l’autre main, umugara sur la tête, amayebe sur les pieds.
URWEDENGWE : Dansé par les femmes et les hommes, cette danse prend source dans la région traditionnelle de Buyenzi précisément en province de Ngozi. Mr. Nihorimbere nous dit que les danseuses mettaient en exergue la taille de leur poitrine pour exprimer qu’elles sont majeures, mures et même prêtes à être mariées. Le message était adressé surtout aux jeunes garçons présents mais aussi aux vieux qui, dans la tradition burundaise avait la responsabilité de chercher la femme à leurs fils.
« Les hommes danseurs d’urwedengwe, eux à leur coté dansaient en essayant d’exposer aussi leurs poitrines mais aussi leurs épaules. Le message qui se cachait derrière était de montrer au public mais surtout aux filles présentes qu’ils sont suffisamment forts et prêts à se marier et qu’ils pourraient bien travailler pour la famille. »
Quittons un peu la région du nord du pays pour nous diriger dans d’autres coins du Burundi.
UMUTSIBO : Danse traditionnelle d’origine de Kumoso, elle est pratiquée seulement par les filles. C’est un style de danse qui est beaucoup appréciée parmi d’autres danses traditionnelles. Cette danse est tellement agréable et contient beaucoup de techniques, les filles ou dames essaient de bouger de façon très attirante. Elles bougent presque toutes les parties du corps et surtout les hanches (ikiyunguyungu) pour démontrer au public qu’elles sont belles et prêtes pour le mariage. Le message était adressé aux jeunes garçons et hommes qui leur regardaient.
Mr. Nihorimbere continue à nous dire aussi que beaucoup de ces danses traditionnelles se dansaient en se basant sur les cultures et coutumes de leur région de provenance.
AKANYARUSIZI
« Voyons par exemple dit-il , akanyarusizi est une danse des hommes elle provient de la region de l’Imbo dans les provinces de Rumonge et Bujumbura. Ces dernières situant sur les rives du lac Tanganyika où la pêche se pratique beaucoup, alors les danseurs d’akanyarusizi essaient d’imiter les pêcheurs dans leurs chorégraphies pour exprimer à quel point la pêche est une activité qui leur est indispensable. Donc dans cette région, la population donne une grande importance à l’art de la pêche. »
Ulysse Trésor Muhire est un autre membre et en même temps chargé de la communication du Club Culturel Indangaburundi nous dit à propos des autres danses pratiquées par les garcons de ce groupe.
« Nous les garçons danseurs indangaburundi faisons des danses suivantes : Ihuruma, umuyebe, igihambwe, Agasimbo, Ingoma et Intore. » dit-il.
« Concernant les sources de ces danses ajoute-t-il , Ihuruma couramment appelé Igisuru est une danse qui provient de Ruyigi précisément en Commune Gisuru et d’ailleurs c’est la raison pour laquelle le nom Igisuru l’est attribué. Igihambwe est une autre danse qui prend sa source dans la region du centre du pays traditionnellement appelé Région Kirimiro tandis que l’Umuyebe est une danse pratiquée depuis longtemps dans la région Imbo dans des provinces comme Bubanza, Cibitoke et Bujumbura ».
Au côté des filles, Kelly Anny Ella Bukeyeneza une des danseuses du club Culturel Indangaburundi nous parle un peu sur les danses des filles dans ledit club. « Nous dansons Umutsibo, Igihambwe, Amayaya, Amaka, Umudiho et autres danses je dirais fais maison. »
Club culturel Indangaburundi
Revenons un peu sur le club culturel Indangaburundi ; Alain Lionel Ingabire président de ce club dit que ce dernier est issue de la chorale Saint Curé d’Ars de la Paroisse Saint Jean Batiste de Gihosha en 2014. En créant ce club, les fondateurs avaient l’objectif principal de regrouper les jeunes non seulement les catholiques mais aussi ceux des autres églises différentes pour leur apprendre la culture burundaise via les chants et danses traditionnels. Pour lui, cet objectif est en train de se réaliser même s’ils n’accueillent pas seulement les jeunes mais aussi des petits enfants pour leur apprendre à maintenir la culture burundaise.
Pourquoi travailler en groupes pendant les répétitions ?
Pendant les répétitions les membres travaillent en groupes pour des diverses raisons : Ils se divisent en trois groupes pour travailler aisément comme les danses sont différentes pour les garçons et les filles sauf en cas particulier des danses mixte c’est pourquoi ils doivent faire les répétitions dans différents groupes. Le troisième groupe est celui des chanteurs et musiciens (abavyinyi). Ces derniers sont ceux qui sont chargés de chanter pour les danseurs et aussi les accompagner avec quelques instruments locaux comme ingoma (tambours), umuduri, ijembe, intingiti, umwironge, etc. La répétition en groupe permet aux membres de se faire corriger aisément et bien apprendre pour les nouveaux-vénus. Après la répétition en groupes, on fait la combinaison des chants accompagnés des instruments et des danses pour se préparer à bien animer dans des différentes fêtes ou cérémonies voire même des événements en cas d’opportunités.
Quel est le résultat de votre effort ?
Nous avons eu comme résultats, les membres qui bénéficient petit à petit un esprit d’amour de la culture burundaise grâce aux danses et chants traditionnelles. On peut même affirmer que l’esprit du patriotisme nait à partir de ces actes.
Indangaburundi a déjà réalisé beaucoup de choses dont les différentes bonnes actions notamment celles d’aller rendre visite aux malades mentales du Centre Neuro –Psychiatrique de Kamenge et les différentes chansons sorties sous différents formats dont l’audio et le visuel, animation des concerts, danser et chanter dans des différentes fêtes, cérémonies comme dot, mariages et levée de voile et des engagements dans des événements.
Ce club a d’autres visions de l’avenir dont la sortie des autres chansons audio-visuel et animation des concerts. Le président dudit club invite les adolescents à aimer la culture de notre beau pays via les chants et les danses traditionnelles et d’ailleurs l’adage Kirundi le dit bien : « Uwutaye akaranga aba ataye ibanga agatorana akaranda .» Il clôture en invitant tous les burundais à continuer de suivre les œuvres d’Indangaburundi en leur promettant de faire le tout possible pour apprendre aux jeunes à maintenir la bonne culture burundaise.
Tite IRADUKUNDA
