L’IGISUMANYENZI N’ETAIT PAS UNE SOLUTION

Culture

Igisumanyenzi était une fosse ou uneforêt dans laquelle étaient jetées les jeunes filles qui étaient tombées enceintes avant le mariage, dans le Burundi traditionnel. Madame Jacqueline NKUNZIMANA, éducatrice et ancienne directrice d’école et  administrative, nous conte ce fameux phénomène, qui porte à plusieurs jugements dans le Burundi actuel, avec l’acquisition de nouvelles possibilités d’appréhender les choses comme les droits de la personne humaine mais surtout de réaliser le bien-fondé de cette punition combien radicale et surtout dans l’éducation d’une fille.

Qu’était donc l’Igisumanyenzi ?

Igisumanyenzi était une sorte de forêt (Ishamba rya Manyenye), un lieu habité uniquement par des animaux, située loin des habitations des gens, où on allait jeter les jeunes filles tombées enceintes avant de se voir mariées.

Que devenait finalement cette jeune fille ?

Bien entendu, la finalité de tout cela était la mort pour la jeune fille. Car elle était soit dévorée par des animaux sauvages ou des chasseurs pouvaient lui faire de mal à leur tour.

Que pouvaient être finalement les voies de salut de la jeune fille?

Par moments, si les voisins et entourages n’avaient pas encore remarqué la grossesse de cette fille, les parents pouvaient la cacher, ou l’envoyer loin comme chez une tante ou un autre endroit loin des regards des gens et ce lieu devait être gardé secret.

Est-ce que Igisumanyenzi a réellement existé, ou c’est juste une fable comme Samandari ou Inarunyonga ?

gisumanyenzi a bel et bien existé. Comme on dit en kirundi : «Umugani ugana akariho. » En plus,ce phénomène de chasser loin de la amille et loin des gens, une fille tombée enceinte étant encore chez ses parents, a vraiment existé dans l’ancien Burundi.

Vous ne trouvez pas que l’Igisumanyenzi était un « crime », ou un « meurtre » ?

Bien sûr. Et pas un meurtre d’une seule personne. Car il était possible que la démoiselle soit enceinte d’un ou deux, ou même trois enfants qui étaient tués avec leur mère. Oui, c’était un assassinat si on se base sur le fait que maintenant, on connaît la valeur d’une personne humaine. Non seulement, qu’elle est une création de Dieu, mais que la vie humaine est à respecter et à défendre.

Mais alors, d’où provenait cette conception qu’une fille tombée enceinte avant le mariage, était une chose si abominable ?

C’était la coutume mais surtout une recherche de créer la peur pour la jeune fille de se laisser aller à cette mésaventure. Appliquer une telle punition était une façon, à eux,d’éduquer la jeune fille pour l’inciter à se garder pure et vierge jusqu’au mariage. Car d’ailleurs, il y avait des cérémonies qui s’en suivaient le soir du mariage, quand le jeune époux avait trouvé sa jeune épouse encore vierge ou pas. Il devait envoyer une calebasse de boissons avec des pailles non cassées dans le cas où la jeune épouse était trouvée vierge. Et il envoyait des pailles cassées sur les deux bouts pour signifier l’état de la jeune fille.

Cela devenait donc une honte pour la fille mais aussi pour ses parents, d’où cette radicalité à garder leur fille dans le droit chemin. Rester vierge pour une jeune fille était un honneur pour elle et pour sa famille.

Donc, on peut dire que l’Igisumanyenzi était réellement une solution pour la bonne éducation de la jeune fille ?

Je ne dirais pas. Car malgré que cette punition existait, on avait toujours des filles qui tombaient dans cette faute et qui étaient ensuite jetées. Sans parler du respect de la vie humaine. Car on ne distinguait pas les filles qui faisaient cela volontairement ou celles qui pouvaient être, par exemple, victimes de viol. Car cela existait également.
Mais les unes comme les autres, recevaient la même punition. C’était un traumatisme pour la jeune fille.

Dans le Burundi actuel, en tant qu’éducatrice, comment se présente l’éducation d’une jeune fille ?

Je dirai que la nouvelle vague des réseaux sociaux et les nouvelles technologies font que les parents n’arrivent pas toujours à suivre bien leurs enfants. Les jeunes filles comme les jeunes garçons sont distraits surtout pas les mauvaises informations qui les incitent parfois à prendre des habitudes qui ne scient pas a des enfants burundais. Ils essaient tout le temps de copier ces manières des étrangers qu’ils voient sur ces plateformes dans les habillements et autres. Ce qui impacte beaucoup l’éducation.

Un message pour les parents ?

Que les parents ne soient point découragés dans leur vocation d’éducateurs. Privilégier la communication avec ses enfants, sur ses fréquentations, sa vie à l’école, etc.

Un dernier message pour les jeunes filles ?

Ecouter toute personne qui fait figure de parents, suivre les conseils, oser poser les questions afin d’avoir de vraies et bonnes informations.

Clairia NSENGIYUMVA

 

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?
OuiNon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *