« Je suis tombée enceinte de notre domestique »

Sexualité

Nella est tombée enceinte à l’âge de 14. Aujourd’hui, elle a 23 ans et a un enfant de 9 ans. Elle raconte son histoire.

« C’est le moment qui a le plus affecté ma vie : quand notre domestique m’a violée.  J’ai été blessée au point que jusqu’aujourd’hui, j’ai peur de tout garçon. Ce garçon disait qu’il se vengera car il avait été emprisonné pour avoir violé une fille d’un ménage où il travaillait. Un jour, mes parents et mes frères étaient allés prendre part à une cérémonie, ce garçon est entré dans la maison et m’a trouvée seule, il m’a alors déshabillée du pagne que je portais et s’en est servi pour me bander les yeux.

Je ne pouvais pas alerter, il m’a alors violée et personne n’était aux environs pour l’en empêcher. Il m’avait attachée au niveau de la gorge avec ce pagne, ce qui a fait que j’ai passé des jours avec des maux de gorge, à tel point qu’il m’était impossible de manger, sauf une nourriture facile à avaler comme la bouillie, ou des aliments comme les amarantes et la pommes de terre pilée.

Trois heures après le viol, une femme d’un ménage voisin est venu chez nous et m’a trouvée en train de pleurer ; elle m’a alors tranquillisée me demandant de lui dire le problème que j’ai. Je lui ai alors dit que c’est notre domestique qui venait de me violer. La femme a alors pleuré et nous nous sommes mis à pleurer elle et moi. Par après, j’ai perdu conscience et elle a appelé un voisin.  Ils m’ont conduit dans un centre de santé. J’ai retrouvé conscience au centre de santé. J’ai alors essayé d’expliquer au médecin comment l’incident s’est passé. Mais c’est avec beaucoup de peine que j’y suis parvenue à cause du pagne que le violeur m’avait ceinturé au niveau de la gorge. Je dirais qu’il était venu pour me tuer. Lorsque j’expliquai au médecin les circonstances dans lesquelles s’est passé l’incident, les larmes ont commencé à couler. Même actuellement, si je me souviens de cette situation que j’ai vécue, je pleure (elle pleure).

Le médecin m’a alors dit que le test VIH/SIDA s’est révélé négatif. Mais que toutefois, si je suis dans la période probable de fécondité, il faut que je sois sportive car je peux tomber enceinte. Comme je te l’avais dit, du fait que j’avais perdu conscience, je ne me souviens pas que le médecin m’ait donné des médicaments pour éviter que je tombe enceinte d’une grossesse que je n’avais pas désirée. Je me souviens que le médecin m’a dit de retourner après deux mois pour voir si je ne serais pas tombée enceinte. Ledit domestique qui m’a violée n’a pas logé où il travaillait ce jour-là. Il est parti avec tous ses habits. De retour à la maison, j’ai trouvé que mes parents sont de retour de la cérémonie. Depuis l’incident, je ne me sentais pas en paix. Je me sentais toujours en colère à la suite de ce qui m’est arrivée.  

Ce qui m’a fait penser que je suis tombée enceinte, c’est le fait que je n’avais plus mes règles. Après les deux mois que l’agent de santé m’avait dit d’attendre, je suis allée faire un test de grossesse et le test s’est révélé positif. Après avoir découvert ma grossesse, j’ai beaucoup pleuré (elle pleure) en pensant que la situation difficile que je vivais à la maison va s’aggraver quand mes parents apprendront que je suis enceinte d’une grossesse non désirée. Déjà que je n’étais plus en bons termes avec ma mère depuis ma plus jeune enfance. 

 A un moment de la grossesse, je suis tombée malade de la malaria et ma mère ne m’aidait point. Finalement, ma grossesse est arrivée à terme et c’est une femme du voisinage qui m’a accompagnée dans un centre de santé. C’est cette femme qui cherchait du lait pour mon enfant du fait que mes seins ne produisaient pas de lait à cause de la maladie que j’avais eu. Elle m’achetait aussi des fruits. Ce sont les enfants des familles voisines qui portaient mon enfant mais pas tous car certains, de même que ma mère et ma sœur, pensaient qu’en mettant au monde un enfant hors mariage, j’avais commis un grand forfait.

Les gens de ma famille m’ont maltraitée au point de m’interdire d’aller dans leurs enclos. Si par exemple, j’allais chez eux pour chercher du feu, ils m’interdisaient d’accéder à leur enclos parce que dans la tradition burundaise, disaient-ils, une fille qui met au monde un enfant hors mariage cause la mort des membres de la famille et des vaches. Je leur répondais que ni moi ni mon enfant ne portons malheur, que l’enfant a été créé par Dieu, et que par conséquent, il est né comme les autres enfants naissent. Je leur ai dit que les problèmes auxquels je fais face n’ont pas été de ma volonté, que tomber enceinte peut arriver alors qu’on ne l’a pas voulu.

À la suite de ces propos, j’évitais d’aller dans leurs enclos et je restais à la maison. Quand mon enfant me demande où est son père, je lui réponds qu’il est mort. C’est ma mère qui a fait enregistrer l’enfant à son nom. Pour ce qui est de prendre en charge l’enfant, ce sont ma tante et la femme qui m’ont conduit au centre de santé qui sont restées à mes côtés.  En voyant que ces femmes m’aident, ma mère disait qu’elles sont en train de m’encourager à retomber enceinte. Certaines des conséquences pour les filles qui mettent au monde des enfants hors mariage sont les suivantes :

Les gens t’excluent en tenant des propos contre toi comme quoi tu n’auras pas de mari, que tu es une traîtresse. D’autres disent que personne ne peut tomber enceinte sans l’avoir voulu. Tes amis deviennent des ennemis. D’autres filles sont chassées de la maison familiale. Très peu de personnes nous comprennent.   A une fille qui a connu le même problème que moi, je lui conseillerais de respecter les conseils pour éviter de retomber enceinte.

 

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